Juliette

Par l-intemporelle le 29 Mai 2009 à 13:41

"Les animaux sont les anges de cette terre" proverbe Péruvien

On parle volontiers des chats, chiens et autres animaux familiers qui partagent notre vie. On aime montrer leurs photos et raconter leurs bêtises avec attendrissement et même fierté, comme s'il s'agissait de nos enfants.

Rendre hommage à nos chers disparus à poils est une autre démarche, plus délicate, plus douloureuse, voire traumatisante. Revoir des frimousses adorées mais qui ont récemment ou depuis longtemps quitté ce monde ne peut que faire souffrir et réouvrir des plaies qu'on espérait cicatrisées. En même temps, n'est il pas normal et même indispensable de continuer à les faire vivre à travers nous, à travers nos mots et le souvenir que nous gardons d'eux ? S'ils sont partis à jamais, nous laissant seuls et démunis face au grand mystère de la mort et de la séparation, quoi de mieux que de continuer à évoquer leur souvenir en écrit et en photos ?

Ma Juliette. Nous t'avons offert cette vie que tu méritais, douce et harmonieuse; une vie à ton image.

En ce début d'août 1996, nous vous découvrîmes, toi et ton frère Roméo au milieu de cette portée de cinq petits chatons. Un minou oui, mais un seul ! Comment faire lorsque quatre petits yeux vous regardent avec tant d'intensité ? Non, il serait trop cruel de faire un choix. Aussi, la solution fut vite trouvée, nous aurions deux petits compagnons ! Sur la route du retour, tout à notre joie, les enfants choisissaient vos noms. Il y eut Bernard et Bianca, Boule et Bill... mais Roméo et Juliette fit l'unanimité.

Merveilleuses petites boules de poils qui arrivent dans la maison. On se dit qu'on a de longues années à vivre ensemble. On préfère ne pas penser qu'ils nous quitteront trop tôt. On ne pense qu'aux futurs bons moments de vie commune. Mais le temps passe et la peur de les perdre commence à s'installer.

Tu ne fus que tendresse et amour. Jamais une griffe, une égratignure ; la douceur personnifiée.

Ma douce Juliette, j'ai tout tenté, tout essayé, en vain. J'ai même prié Dieu pour qu'il t'accorde un sursis, pour que se produise un miracle. Je lui ai offert quelques années de ma vie, pour que tu puisses vivre. Mais il ne m'a pas entendu. En ce mercredi 02 septembre 2009 à 16h30, toi ma douce, ma tendre Juliette, blottie entre mes bras, dans un immense désespoir, je n'ai pu abréger ta lente agonie. Tu avais compris que c'était l'heure de partir, tes beaux yeux me fixaient, déjà vitreux. La vie avait commencé à se retirer. J'étais devant ta mort, confrontée à elle. Une grande souffrance est montée en moi. Comme une lame de fond qui m'a soulevée. J'ai caressé une dernière fois ta magnifique tête que j'aimais tellement. T'arracher de mes bras où je te gardais jalousement depuis le matin fut un déchirement.

Douze années d'amour inconditionnel tiennent si peu de place sur un blog mais tant dans un coeur. Cette première nuit sans toi va me paraître longue, trop de souvenirs remontent à la surface et les mots s'entrechoquent, aussi je te laisse la parole ma douce.

"Ma chère petite maman d'adoption, je suis partie en quête d'un autre Paradis. C'est au son de ta voix, sous tes caresses et tes étreintes que j'ai quitté ce monde. Je me suis éteinte dans tes bras, en paix. Mon passage est terminé ici, mais je resterai toujours près de toi. Dorénavant, ma demeure se trouve dans ton coeur. Quand, il y a encore quelques jours, où mes pattes pouvaient encore me porter, mes yeux te regarder, je me suis approchée de toi. J'ai posé mon museau sur ta joue, là où une larme coulait et t'ais délivré ma prière silencieuse.

Quand le temps viendra… Si arrive le moment où je deviens frêle et faible et que la douleur m’empêche de dormir, alors fais ce qui doit être fait. La dernière bataille ne peut être gagnée. Tu seras triste, je comprends, mais ne laisse pas le chagrin t’arrêter. Pour ce jour, plus que tous les autres, ton amour doit supporter l’épreuve...
Nous avons eu tellement de belles années ! Tu ne voudrais pas me voir souffrir davantage ? Quand le temps viendra, s’il te plait laisse-moi partir. Que l'on soulage mes souffrance et que tu restes avec moi jusqu’à la fin. Tiens-moi alors très fort et parle-moi jusqu’à ce que mes yeux ne voient plus. Nous étions très proches pendant toutes ces années. Toi que je sais si fragile, ne te laisse surtout pas envahir par le chagrin.... Il m'a été offert une si belle vie !"

Ma dépouille repose désormais auprès de Winy, mon frère d'adoption, qui m'attends depuis trois ans. Je suis apeurée devant ce monde inconnu et si attristée de laisser tant de peine derrière moi... Mais tous mes petits compagnons d'infortune sont là pour m'accueillir avec ce bon vieux Winy en tête du cortège. Viens brave bête, viens coller ta truffe contre la mienne ; tu m'as bien manqué ! Nous allons reprendre nos joyeuses parties dans les prés et les collines, batifoler dans l'herbe folle, courir et jouer ensemblent. Je grimperai à nouveau aux arbres pour mieux me laisser tomber sur ton dos et te faire râler, me cacherai derrière un buisson pour bondir sur toi. Oh tu sais je n'ai jamais été dupe ! Je savais bien que tu faisais semblant d'avoir peur pour me faire plaisir... Quand nous seront fatigués par nos jeux, nous nous arrêterons au pied d'un grand chêne pour nous coucher. J'écouterai à nouveau tes ronflements mon Winy et comme avant, ils me berceront. Et là, au travers la trouée d'un nuage d'où je pourrai vous voir, je prendrai soin de vous, en pensée, comme vous avez si bien su le faire au cours de toutes ces années. Il me sera impossible de vous oublier.

Et si toi, ma petite maman, tu te réveilles un matin avec un sourire aux lèvres et un miaulement dans les oreilles, c'est que je t'aurai rendu visite dans tes songes. Merci pour ton amour. Merci d'être venue à moi, de m'avoir donné toutes ces joies durant treize années. Ce n'était pas un rêve, pas un roman, c'était notre histoire.

Nous nous aimerons éternellement."

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